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EXPOSITION

MAEL NOZAHIC - Seuils

Profil de Christian Mahé

Edité par Christian

03/04/2025 - Modifié le 17/04/2025

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La Démarche Artistique de Mael Dans les œuvres réside la métamorphose. Chacune d'entre elles est une métaphore de la transformation, celui de notre monde physique en pleine mutation écologique et celui de notre monde intérieur, en quête de développement personnel et spirituel. Mes compositions sont des collages mentaux qui puisent dans un réservoir d'inspirations variées, allant des mythes, des religions à l’imagerie alchimique et divinatoire. Elles sont transfigurées sur la toile, le papier ou la terre comme des fragments de rêves, des apparitions. En découle un univers à la végétation foisonnante, semblable à des OGM baroques, traversé de formes serpentines qui évoquent les ondes, les énergies invisibles qui nous entourent. La nuit y est éclairé par des couleurs chatoyantes et par le halo sacré qui entourent un bestiaire totémique. Après le déluge, c’est la renaissance de cette nature psychédélique qui garde cependant en mémoire quelques brides du passé: statues antiques, vierges et vénus croisent le chemin d’êtres chimériques et de quelques Hommes. Ces marcheurs errants revêtus de costumes folkloriques et de masques rituels incarnent l’explorateur, un des archétypes théorisés par Carl Jung. En route vers des territoires inexplorés, il puise sa force dans l’inconscient collectif pour atteindre la transcendance.

La traversée

Immersive, la nouvelle exposition de Mael Nozahic au Centre d’art de Pont-Scorff est conçue comme un cheminement initiatique : la traversée de nos forêts intérieures. Dans leurs formes et leurs dispositions, les œuvres suggèrent la notion de seuil. Sculptures ou peintures disposées dans l’espace, elles invitent le spectateur à déambuler autour d’elles. Monumentales, elles évoquent la porte, l’arche, le vitrail. Autant d’invitations à pénétrer un seuil, entre le réel et l’onirique, le noir et la couleur, l’ombre et la lumière. L’œil, le corps et l’âme voyagent dans cette atmosphère englobante, baignée d’une bande sonore hypnotique, entraînante comme une danse du Veau D’Or.
A travers un choix d’œuvres anciennes et récentes, le parcours donne à sentir ce qui fait l’univers singulier de Mael Nozahic depuis ses débuts. Un univers ambivalent et hybride qui se charge ici d’une dimension mystique particulière, dans ce Centre d’art dont l’architecture de pierres et de bois fait penser à une chapelle. Mais le sacré chez Mael Nozahic, comme le spirituel ou l’invisible, ne s’entendent pas au sens d’une croyance religieuse ou dogmatique. L’œuvre de Mael Nozahic ne chante les louanges d’aucun dieu. Son travail célèbre plutôt les puissances de l’univers, la force de la Nature, la part de « sauvage » en nous : l’instinctif comme élément primordial, archétypal, fondateur de l’humanité. Nourri d’un syncrétisme foisonnant, de mythes et de légendes, de textes initiatiques comme on peut les trouver sous la plume de Carl Gustav Jung ou de Clarissa Pinkola Estés, l’art de Mael Nozahic résonne avec un savoir anthropologique, psychologique et chamanique.
Hybride, travaillé par le fragment, l’œuvre de Mael Nozahic donne forme à l’esprit du temps, tiraillé entre le chaos et la quête de renaissance. Inscrit dans les ruptures de la modernité, héritier d’un fond expressionniste et romantique noir, l’univers formel de Mael Nozahic prend acte des bouleversements du monde. Du XIXè à aujourd’hui, les révolutions picturales modernes ont enfanté une nouvelle représentation de l’humain et du monde dont la forme morcelée et hybride est une réponse à des bouleversements majeurs : crise identitaire et religieuse, guerres et génocides répétées, pollution industrielle, capitalisme fou et apogée de l’ère de l’anthropocène. La nature menacée, l’idée d’apocalypse, de déluge, le morcellement de la figure, hybride ou masquée. Tout cela, omniprésent chez Mael Nozahic, fait écho à cette perception moderne d’un monde éclaté et mis à mal. De ces désenchantements, de ces morceaux unifiés dans l’œuvre, réside aussi un désir de faire corps, une tentative de renaissance dans la destruction.
C’est ainsi l’ambivalence qui prédomine dans l’univers de Mael Nozahic, tel que le suggère le parcours d’exposition. La nuit et le jour, le noir et la couleur, l’humain et l’animal. Tout comme le masque, la forêt, les hyènes et les loups : la récurrence de ces motifs, travaillés par l’ambiguïté et les polarités, fait appel à un fond mythologique et archétypal dont la dimension spirituelle transfigure la noirceur et le morcellement en lieu d’une possible réconciliation. Tout comme cet arbre bleu, surgit du bas ventre d’une figure féminine endormie (un autoportrait), dans une totale fusion du corps et de la nature. Tout comme ces petites céramiques épinglées aux peintures, morceaux d’arbres et d’oiseaux en voie de disparition : dispersés, menacés, fragiles mais présents.
La traversée pour Mael Nozahic, c’est embrasser les ombres, « notre bête noire » comme la nomme Carl Jung. Cette part enfouie en nous, refoulée, cachée par les costumes étouffant de l’éducation et des injonctions sociales. Dans cette part révélée de l’art, du sacré, de l’intime, une renaissance est possible. C’est ce voyage intérieur que nous donne à sentir le parcours de l’exposition. Tel un cheminement pour retrouver l’équilibre sur le vertige de la vie.

Amélie Adamo, février 2025
Critique d'art, commissaire d'exposition, autrice

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